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1er novembre... Junker 52...

Frank et François...
La journée commence durement par un déblayage de la neige que nous devons répéter fréquemment. Frank passe nous chercher vers 9h30, et, après un petit café, nous le suivons vers la route qui mène à Hartvigwater. La plongée du jour se déroulera sur une épave d'avion, un Junker 52, coulé en 1940. Aucun bombardement n'est à l'origine de l'abandon de cet appareil. Les Allemands l'avaient posé sur le lac gelé afin de récupérer des pièces pour un autre engin de même type. Le printemps venu, la glace fondit et l'avion coula... pour notre plus grand bonheur. Nous allons vivre une expérience vraiment unique avec cette plongée hors du commun. Une petite heure de route... nous nous engageons à travers champ, dans la neige, et nous arrivons sur le lieu de la mise à l'eau... une rivière.
Narvik, 9h30...
Quelques minutes de contorsions dans la voiture pour enfiler nos vêtements de plongée et nous voici prêts à partir pour une découverte fantastique. Nous cassons la glace sur le bord de la rivière afin d'accéder au courant. Sous nos palmes, 50 centimètres de fond, juste le nécessaire pour nous emporter vers le lac, 250 mètres en aval. Nous nous laissons porter par un courant assez rapide. En jetant un coup d'oeil en dessous de la surface j'aperçois des ballots de neige flottant à la surface, semblable à du coton. Il fait 0°C sous l'eau. Quelques minutes plus tard nous atteignons l'embouchure. Il nous faut encore marcher à reculons sur une trentaine de mètres avant d'atteindre la pente proprement dite du lac.
préparation pour la plongée... en arrière-plan... la mise à l'eau
mise à l'eau... 0°C
photo: Frank Bang
L'avion se trouve quelques mètres plus bas, posé dans le sable... Il semble attendre son autorisation de décoller. Un des moteurs est encore en place, bien que l'hélice soit absente. Je commence les prises de vues par le train d'atterissage puis j'entame plusieurs tours complets de l'appareil en m'arrêtant au fil des découvertes.
photo: Frank Bang
Après une trentaine de minutes, Frank nous propose de prendre place dans le cockpit pour une photo. J'amarre mon caisson au moteur et me dirige vers l'habitacle pour rejoindre François. Difficile de se glisser à deux, avec les bouteilles, à l'intérieur. J'enlève une palme pour me placer, une de mes jambes sort par la fenêtre... et clic-clac...Je récupère mon matériel photo et fais signe à Frank en croisant les bras, montrant le caisson; j'ai terminé le film; lui également. Nous regagnons doucement la surface, enlevons nos palmes et regagnons la grève en marchant. La neige s'est arrêtée de tomber, laissant place à quelques rayons qui nous dévoilent un fjord éclairé avec subtilité. Nous rentrons à Narvik, complétement dépaysés...
2 novembre... "Elise Schulte"...

La température est montée de quelques degrés durant la nuit et le vent s'est levé avec force... on annonce 22m/s dans le port de Narvik. Comme les prévisions nous ont été communiquées hier soir, Frank a organisé une plongée à Dyroysundet, à environ 150 km de Narvik. Une de ces plongées pour les "crazy divers", comme il nous appelle, dont il a le secret. Nous pensions avoir vécu un moment vraiment fort hier avec le Junker 52, mais aujourd'hui nous allons croquer de l'épave à une sauce encore plus piquante. Nous partons de Narvik et nous rejoignons deux amis de Frank pour cette plongée.
en quittant Narvik...
Parfois l'on trouve une plongée merveilleuse uniquement par l'instant passé sous l'eau; nous découvrons cette fois un site hors du commun, de part sa situation et son accès. L'ensemble est couvert d'une météo extrême, "doux" mélange de vent violent, de neige et de pluie.
premier pilier à gauche, cinquante mètres en avant...l'"Elise Schulte"...
Sous un pont, le courant défile. L'accès se fait par une petite descente, un peu raide, sur la neige. Assis, debout et à nouveau assis et nous voici dans l'eau. Frank est déjà prêt. Il nous indique le chemin à suivre. Une corde, à quelques mètres sous la surface, nous amènera sur l'épave de l'"Elise Schulte". La visibilité est vraiment très bonne, probablement plus de 15 mètres. Malheureusement l'emplacement est très sombre et je dois me battre pour tenter de trouver la quantité de lumière suffisante pour exposer correctement mon film. Je dois avouer très honnêtement que la beauté de cette épave est vraiment particulière. Le bateau est couché sur le flanc. Nous arrivons sur l'arrête du pont et de la coque et nous descendons le long des bastingages. Frank nous précède de quelques mètres et filme, en vidéo. Nous le suivons jusqu'au sol puis nous vaquons chacun à nos occupations. 80 mètres de longeur tout en beauté. D'avant en arrière des cales ouvertes, inclinées à 45° dans lesquelles les ténèbres se sont installées définitivement. Sur le milieu du pont, je croise de nombreux poissons, quelques petites morues... Je me dirige de la poupe à la proue, volant au passage quelques images de cette masse ensommeillée. Je retrouve François à l'arrière et nous décidons de terminer la plongée après 61 minutes. Le retour un peu pénible jusqu'à la voiture.
Frank nous offre un petit café brûlant sorti tout droit de son thermos mythique. Nous sommes bientôt rejoints par ses deux amis qui ont formé une palanquée séparée.La pluie s'est mise à tomber, transformant la neige en glace pilée à la surface de la route. Le chemin vers Narvik ne fut pas une partie de plaisir... Dès notre arrivée nous mettons en place notre plan très efficace pour le rangement et le séchage du matériel pendant que le compresseur recharge nos blocs. Encore un jour dont on parlera longtemps...
3 novembre... "Hermann Künne"...

En quittant Narvik, ce matin nous allons en direction de Bjerkvik. Nous suivons sur quelques kilomètres la route qui part en direction des Lofoten. Nous traverserons les 390 km qui nous séparent du bout de l'archipel demain pour nous arrêter à Å, dernier village de la E10.
départ de la plongée...
Pour l'instant nous quittons la voie principale pour nous engager dans un chemin privé, dont l'accès et bloqué par une barrière dont Frank a bien-sûr la clef... La route n'est pas dégagée et nous arrivons au bord du fjord après quelques minutes et une descente un peu musclée sur un chemin forestier profond. Nous glissons rapidement dans nos combinaisons car la pluie ne cesse de tomber avec insistance. Fouettés par les vagues nous avançons d'environ 20 mètres au large avant d'entamer la descente sur le destroyer "Hermann Künne". Nous suivons la coque puis faisons halte à l'arrière du bateau pour remonter par le côté pont. Le navire est couché sur le flanc sur une pente assez raide, perpendiculairement à la côte. Je fais les prise de vue de l'arrière en contre-jour mais j'ai crainte que le film ne soit pas exposé correctement. Il fait très sombre et la masse se détache faiblement de la surface; la météo médiocre ajoutant de la difficulté.
Nous retrouvons petit à petit la clarté du jour pour arriver aux paliers. C'est sur la poupe du bateau, en très mauvais état que nous passons ces instants d'attente. Le navire s'est abîmé contre la côte et a sombré en 1940.

Frank passe sa décompression à faire de la recherche "archéologique". On peut encore trouver de nombreux objets de cette époque; il faut juste un peu de persévérence et de patience...

"Hermann Künne"
Frank nous invite à passer encore quelques instants chez lui, en fin de soirée. Devant un café et un cognac norvégien, il nous présente le film qu'il a fait cette semaine et nous offre une copie. Nous prenons congé de notre ami tard dans la nuit en se promettant de garder contact et de revenir...

François et moi sommes du même avis: nous venons probablement de réaliser une des semaines les plus sensationnelles dans nos carrières de plongeurs, grâce à Frank, qui a su nous donner accès à ces instants de purs délices. On repensera longtemps à ce passionné d'histoire et d'épaves, à ses francs éclats de rire qui nous ont réchauffés sous la neige de Narvik... Un grand merci Frank et si tu passes par la Suisse... nous avons aussi quelques épaves pour toi, au frais...

4 novembre...de Narvik à Å i Lofoten...

En suivant la E10... en direction des îles Lofoten...
387 km pour atteindre enfin le village de Å, à la fin de la route des Lofoten. Nous sommes partis ce matin vers 9h30 et nous arrivons dans la nuit dans ce petit coin de paradis. Une grande partie du trajet est enneigé et nous force à rouler lentement. A mi-chemin, à Melbu, nous empruntons le ferry pour une trentaine de minutes. Nous arrivons à présent véritablement sur les Lofoten. Entre les pentes abruptes et les eaux foncées du fjord, le E10 sillone vers Sortland. A la sortie de la ville de Svolvaer, nous faisons un bref arrêt à Kabelvåg, au club de plongée. Je recherchais depuis longtemps l'occasion de pouvoir nager avec des orques et il y a dans ce petit village, une personne qui organise ce genre d'émotion, Magne Goffeng. J'ai rencontré ce plongeur voici déjà trois ans et j'ai plongé durant deux étés consécutifs au sein de son club. Je ne savais pas, jusqu'à il y a peu de temps, que c'était lui qui s'occupait de ces bains un peu fous. Une chance, il rentre d'une sortie en mer, et, après m'avoir vaguement reconnu, nous lui posons la question au sujet des orques. Il organise un départ demain et mardi... à notre convenance. Nous décidons d'attendre la météo et de le rappeler dans la soirée.
arrivée en ferry sur les Lofoten...

Lorsque, en 1996, j'étais arrivé pour la première fois aux Lofoten, j'étais tombé amoureux de cette région. J'y fis la connaissance de Steinar Larsen, qui depuis est devenu un ami. J'ai travaillé durant deux années consécutives, durant le mois d'août, au "Stockfishmuseum" de Å, dont il est le propriétaire. Je réalisai, avec mes images, deux expositions photographiques, "Torrfisk" et "Kveles Skreien" qui eurent lieu en Suisse en 1997 et 1998. Actuellement, ces images sont exposées ici, depuis deux ans.

J'ai donc contacté Steinar avant mon départ de Suisse pour lui annoncer mon séjour aux Lofoten durant le mois de novembre... il me proposa spontanément une de ces fameuses cabanes de pêcheurs pour la durée de mon passage. Lorsque nous arrivons au village ce soir, Steinar nous a préparé un sublime petit foyer, chauffé, avec vue sur le port et le musée. Il nous accueille avec son sourire radieux. Je le retrouve avec un plaisir immense et nous bavardons un peu de ces deux dernières années. Il nous invite à venir manger chez lui, demain soir et nous laisse à notre repos bien mérité, dans notre petite cabane... aux Lofoten...

Nous nous offrons la journée de demain pour prendre place et visiter un peu les alentours du village, le lac (plus de 100m de profond), et les falaises au bas desquelles nous aimerions faire quelques explorations. Nous partirons mardi matin très tôt pour Kabelvåg et peut-être... les orques....

suite...
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