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6 septembre 2001... en passant par Dettifoss et le lac Myvatn...
Depuis hier soir déjà, il semble que l'automne tente d'imposer sa pluvieuse loi sur un été fort frileux. Les températures sont en baisse et les vents violents de ces derniers jours rendent les prises de vue moins fréquentes. Prenant ses apparats de fête, quelquefois, au fil du trajet, la lumière se dévoile, insoupçonnée l'instant d'avant. Humide jusqu'à la moëlle, nous découvrîmes Dettifoss, la plus puissante chute d'Europe. Pas vraiment étonnant que Eimskip (la compagnie de cargo qui a prit en charge le transport de la voiture jusqu'en Islande) ait baptisé l'un de ses navires de ce nom à la consonance abrupte. 195 m3 par seconde, inutile de décrire le vacarme et le frisson qui plombe l'atmosphère de cette matinée... La température ne doit guère dépasser 5°c...
L'hésitation fut longue sur la suite du trajet au croisement de la route n°1. Une petite incursion vers le lac Asjka, plus au sud nous fit rebrousser chemin. La route nous parut praticable, la météo détestable. Impossible de trouver où se loger dans cette partie du centre de l'Islande à cette période de l'année. Peut-être qu'une semaine d'attente me donnera l'occasion de revenir vers Askja pour voir ce fameux cratère, Viti. Vers 16 heures nous prîmes la décision de continuer vers le lac Myvatn, un peu plus au nord-ouest. Une lumière flâneuse nous invita à l'arrêt, pour quelques heures d'intenses odeurs soufrées.
7 septembre 2001... région du lac Myvatn... retour sur Akureyri
Commençons la journée par les mauvaises nouvelles... Je viens d'appeler le responsable des travaux sur l'El Grillo", il ne veut rien savoir sur l'idée de faire des photographies des travaux sous-marins. J'ai un peu insisté... rien à faire. "Sorry" d'un air peu ennuyé fut sa seule réponse; je la reçus comme une giffle au réveil, après avoir soigneusement balbutié mon anglais vacillant. Par bonheur les paysages de cette matinée glaciale me firent oublier ce petit désagrément de parcours, pour quelques heures. Température extérieure à 1°C, sans compter sur le vent violent qui accompagne les flocons de neige qui commencent à tomber timidement. Il demeure en moi un sentiment un peu amer de n'avoir traversé aucun automne cette année. Les prochaines semaines risquent d'être rudes...
Les activités géothermiques dans la région du lac Myvatn, où je suis déjà passé il y a quelques semaines, sont impressionnantes. Troué de toute part, le flanc des collines déverse sans cesse sa lymphe bouillante. L'énorme tuyauterie rutilante qui ménent cette vie vers la plaine semblent trempée dans une liqueur miroitante, détachant d'énormes serpents sur un sable d'encre. Contraste écoeurant de l'odeur et de la vision. Chaud et froid se mélangent, vapeur et vent se marient, donnant aux paysages l'aspect d'une palette de peinture en recherche d'absolu. Une couleur, déversée dans un cratère profond, offre au lac l'aspect d'une tache aux frontières bien étudiées. Sa profondeur semble à la mesure de son éclat au centre de cette terre écorchée. Il fait si froid que visage et mains s'engourdissent... Je me vois contraint de ruser particulièrement pour changer un film. A chaque pas, le sol accompagne la semelle, formant à intervalle régulier, des sabots débordant d'au moins cinq centimètres autour d'une chaussure qui s'alourdit. Je chasse maladroitement cette terre poisseuse de ma marche, de crainte de glisser sur les raides pentes qui m'accompagnent vers la chaleur de la voiture.

Retour à Akureyri...

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