Quelques jours de galère...
6 août 2001...
Réveil un peu pénible, j'ai dormi sur le siège arrière de la voiture (enfin ce qu'il en reste). Un petit brin de toilette puis, petit déjeuner sur le pouce. Je prépare définitivement la voiture pour le cargo. Une bâche de plastique recouvre, à l'intérieur du véhicule, tout le matériel. Je garde avec moi pour le voyage de 7 jours en cargo deux sacs de montagne remplis à l'extrême de matériel photo et informatique dont j'aurai besoin pour ce trajet.

L'arrivée à Hambourg est un peu pénible. J'ai reçu de la compagnie une photocopie en guise de plan. Cela m'oblige à m'équiper d'une carte un peu plus précise de la ville. Je perds malgré tout deux heures à trouver le terminal vers lequel je suis censé abandonner ma voiture. Dès l'entrée au port, je suis pris en charge et l'on me dirige vers les bureaux de la compagnie. On me demande d'aller déposer la voiture dans une autre halle. Je suis reçu par un employé avec lequel je remplis divers papiers. Je reste un peu inquiet lorsqu'il me demande de démonter le GPS, d'enlever la façade de l'autoradio et surtout quand il commence à compter le nombre de haut-parleurs de la voiture... Bref ceci étant fait on vient me rechercher pour aller vers un autre bureau: "sozial...", j'ai pas tout compris. Sauf qu'après une attente d'un quart d'heure un gars se pointe et me dit qu'il va confirmer pour moi le départ de la voiture. Ce que j'aimerais confirmer c'est mon départ; il me passe le téléphone avec une personne qui parle français et qui ne peut pas m'indiquer l'heure juste du départ, entre 12h00 et 22h00 cela change de minute en minute... Je reste là entouré de tous les doutes du monde donnant ici et là mon numéro de natel, mon âge... Je crois que je réagis bien en laissant se faire les choses d'elles-mêmes, car au moins elles se font. Que pourrais-je changer dans tel endroit, atteint de gigantisme. Je vais, au gré des courants administratifs, porté par des gens aimables auxquels je ne peux que faire confiance...

Je sors du bâtiment on m'attend pour me reconduire à l'entrée du port. Très gentiment le portier me commande un taxi qui me dépose à l'hôtel le plus proche. Dans l'après-midi, bonne nouvelle enfin, un téléphone de Zürich me confirme que ma cabine est bien réservée mais je n'ai toujours pas l'heure de départ...

de quoi déprimer un après-midi...
7 août 2001... embarquement sur le Dettifoss...
Après un déjeuner copieux à l'hôtel, c'est l'attente... Je téléphone à la compagnie, le cargo doit arriver vers 15h00, enfin une heure est annoncée. Je dois me trouver aux alentours de 18h00 pour l'embarquement mais je vais prendre mes avances afin d'embarquer dès l'arrivée du bateau. Après avoir rendu la clef de la chambre j'attends quelques heures dans le hall. Je ne me doute pas encore des petits problèmes de l'après-midi. Je me dirige vers les taxis, par chance le chauffeur parle anglais. Je lui demande de me conduire vers le terminal de Eimskip au port mais avant je devrais faire une "petite" halte au bureau des douanes pour attester le livret ATA pour le matériel. Pas de chance on débarque vers le mauvais bureau qui nous envoie vers un autre département puis vers un autre bureau... j'ose à peine regarder le compteur du taxi. Finalement, après un moment d'espoir tout se brouille devant moi. Il faudrait faire ouvrir à nouveau le container pour que le douanier, très sympathique d'ailleurs, puisse attester que le matériel correspond bien à la liste. Mission impossible! Après une demi-heure de discussion, il me propose d'aller au bureau de Eimskip chercher un formulaire, A50 je crois, le faire remplir par la compagnie après avoir réouvert le container. Je repars avec mon chauffeur, le temps presse. En route, je décide, un peu contrarié par toutes ces histoires, de tenter un passage vers l'Islande sans faire tamponner le carnet. Evidemment je risque une amende mais elle ne devrait pas excéder le montant de ce que m'aurait coûté la réouverture par la compagnie puis l'attestation de la douane. Le chauffeur de taxi n'a pas l'air convaincu de mon idée, pas plus que moi... mais que faire d'autre?
Il me dépose à l'entrée du port et je rejoins enfin le Dettifoss. Je suis accueilli par un employé sur le pont qui vient m'aider à porter mes deux sacs très lourds. Il me salue et me demande si je vais en Islande. Je réponds oui. "Pourquoi veux-tu aller en Islande... il fait beau ici...". Sourire au coin des lèvres. Je passe à peine les largeurs de portes, sans parler des escaliers. On arrive finalement dans une petite salle où se tiennent sept ou huit personnes. Il y a le capitaine qui me souhaite la bienvenue et ce même sourire de la part de quelques seconds, deux voyageuses qui rentrent d'Islande et auprès desquelles je me rassure en leur demandant si leur visite s'est bien déroulée. Vraisemblablement cela a dû être sublime vu le regard qu'elles se sont lancé. Je rejoins, par un escalier très étroit en collimaçon, ma cabine. Elle se trouve au sommet de la tour de contrôle du Dettifoss. Quelqu'un est en train de finir de nettoyer la chambre...je prends enfin place. Vivement que nous quittions ce port, je suis ennuyé par ces problèmes de douane...
Il est 18h et je descends de quelques étages pour prendre mon premier repas à bord du Dettifoss. On m'indique très gentiment ma place, près d'un hublot, puis, la façon d'aller me servir. Il y a du potage, de la salade, de la purée. Je laisse la viande de côté, n'en consommant plus depuis plusieures années. A peine suis-je assis que les va-et-vients commencent. L'ambiance est familiale. Pour l'instant j'écoute seulement cette langue qui me porte déjà vers ces terres lointaines. Le capitaine vient s'asseoir en face de moi sans un mot. Je lui souhaite bon appétit. Un hochement de la tête accompagné d'une cuillerée de potage feront office de réponse. Il semble être à la mesure de son bâtiment, imposant, solitaire et tellement silencieux. Peut-être aurais-je la chance de le connaître un peu mieux au fil de la traversée. Je remonte dans ma cabine, perché dans les hauteurs. On charge toujours le cargo; à certaines places, il y a déjà cinq containers empilés. Les dockers chargent ces cubes comme des enfants jouant subtilement aux plots de bois. J'imagine bien le plaisir de leurs jeux habils sur ces deux rangées de chargement allant et venant simultanément sur ces rails à vingt mètres du sol.

En Islande, dans le nord du pays, on trouve la plus puissante chute d'eau d'Europe, Dettifoss... J'aurai aimé assister au départ d'Hambourg de ce géant mais le sommeil m'a gagné trop rapidement. Vers 23h, appareillage. Mouvements légers et lents qui me sortent du sommeil quelques instants, je me rendors presque aussitôt.

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