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3 et 4 septembre 2001... Jökulsarlon, plongée en eau trouble...
En quittant Kirkjubaejarklaustur ce matin, je n'eu aucune présomption de la journée que j'allais véritablement vivre. Ce fut d'abord la découverte, kilomètres après kilomètres, des prémices de l'inlandsis du Vatnajökull. Une multitude d'arrêts allait jalonner notre parcours jusqu'à Jökulsarlon, lagune dans laquelle le Breidhamerkurjökull se disloque en icebergs.

Je suis très souvent ennuyé par le format de mon image 6x7. Les paysages ne peuvent prendre véritablement de volume que dans leur globalité, comme le mouvement naturel de notre vision, embrassant par rotation l'horizon. Après une mise à niveau précise de mon trépied, je compose, par multiples poses, des images panoramiques, prenant soin de repérer à chacun des mouvements rotatifs le détail qui me permettra la composition finale, à mon retour en Suisse. Les tests effectués avec le petit appareil numérique sont très concluants. Lors d'un précédent voyage en Norvège, j'avais eu la possibilité de travailler avec un appareil au format 6x18 de Fuji. Comparativement, avec mon système multipose, je parviens à obtenir des angles plus intéressants, n'étant pas limité à l'angle de rotation, ni par la focale. Un peu plus de travail de recomposition de l'image, par procédé digital, me sera nécessaire à l'obtention du résultat final.

Skaffafellsjökull et Svinafellsjökull, glaciers enfantés du Vatnajökull
La route qui effleure très adroitement les divers glaciers me donnent subitement une idée photographique très panoramique. La découverte des débordements du Vatnajökul se fait au fil du trajet. J'aimerais donner une vision totale sur 15 kilomètres de ce paysage sublime en m'arrêtant et en photographiant à intervalles de cinq-cents-mètres environ. Résultat de l'expérience dans deux semaines...
L'arrivée à Jökulsarlon fut tout entière teintée d'excitation. J'eu d'un seul coup devant moi ce que je cherchais; ces images glacées, mélange d'une richesse absolue de transparence bleutée. Ils sommeillaient tous dans un même lit translucide, bercés imperceptiblement. Il me fallut très rapidement constater que le berceau de ces monstres cristallins n'était pas si trouble...
Une fois bien remués et disloqués par le chaud, les icebergs s'en vont par la Jökulsa, étroit chenal qui les conduit vers leur lente fin. Quelques uns agonisent encore sur le sable noir, d'autres basculent sans cesse au gré d'une marée qui tarde, jour après jour, à les fondre jusqu'au dernier cristal. Endroit parfumé de surréalisme, frontière sur laquelle il fait bon s'endormir pour sentir un peu l'existence...
Jökulsarlon, lagune à 0°c, 200m de profondeur...
Je prends un peu de temps pour me renseigner techniquement pour la plongée auprès d'un homme qui possède un zodiac de surveillance. En combinaison thermique orange, il m'est très sympathique malgré sa déconvenue lorsque je lui parle de plonger. Il me raconte qu'un plongeur de la base américaine s'est tué ici il y a quelques années. Finalement il me donne quelques conseils utiles sur le meilleur emplacement et sur les règles de sécurité à observer. Ne pas s'approcher d'icebergs de grande taille car ils risquent à tout moment de se retourner ou de se briser sous l'effet de la fonte. Ne pas s'approcher du chenal qui conduit vers l'océan... vu le courant qui défile, effectivement... Nous approcherons du lac par l'ouest. Nous découvrirons en plus à cet emplacement une excellente place pour passer la nuit, au frais.

Prise de température, en combinaison étanche seulement pour commencer. Puis, après avoir fais joujou avec quelques bébés icebergs je m'équipe pour une plongée de découverte. La visibilité n'excède pas un à deux mètres. La pente est très raide et je n'ose pas imaginer que la profondeur maximum du lac est de 200m. Je fais une descente jusqu'à -20m environ, la lumière à presque totalement disparu. Talue de boue très volatile et pierres forme un talus parsemé de plancton qui s'écarte au passage du faisceau des lampes. Température donnée par l'ordinateur durant la plongée: 0°C. La combinaison NDiver que j'ai reçue pour ces quatre mois est vraiment d'une efficacité absolue. Seules mes mains ont un peu souffert, ne disposant que de gants semi-étanches. J'avais équipé le caisson étanche pour quelques photos mais les conditions sous-marines n'étaient pas suffisamment bonnes. Je profite tout de même de cette occasion pour tenter des prises de vue au ras de l'eau avec de la glace. Vu le volume et le poids de mon matériel de plongée, j'ai quelque peine à me prendre en photo... aussi je remercie amicalement Yves qui s'est donné la peine de réaliser les images ci-dessus...

Nous décidons avec Yves, après un petit thé, de partir en prise de vue. La lumière caresse tendrement la glace avec volupté ce soir et nous rentrons à la tombée de la nuit, chargés d'images. Tiens, il y a du mouvement à la surface de l'eau...quelques oiseaux et puis un phoque... Je n'ose imaginer ma réaction si je l'avais croisé sous l'eau, dans ma concentration inquiète.

A la lueur de la lampe à gaz, devant une tasse de potage aux champignons, nous achevons une journée bien remplie. On entend au loin de l'eau qui goutte de mille endroits, et, de temps en temps, les lourds grondements d'articulations glacées qui bientôt se briseront...

4 septembre 2001... de Jökulsarlon à Faskrudsfjördur...
Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. Pluie et brouillard rythmerons cette journée que nous vouerons à la poursuite de la route n°1 en direction de l'est. L'humidité constante qui règne dans la voiture m'inquiète un peu pour le matériel photo. 280 km plus loin, nous arrivons à Faskrudsfjördur, où nous passons la nuit. Ce petit village a été fondé par les pêcheurs français qui y résidèrent jusqu'au début du siècle. Les noms de rues y sont incrites en islandais et en français. Un cimetière dédié aux marins français disparus de cette époque... quelques rues parallèles, une station-service, un hôtel... un village au bout d'un fjord. Peu de vestige authentique d'une époque...
cimetière français de Faskrudsfjördur...
5 septembre 2001... de Faskrudsfjördur à Thorshöfn
Serpentant les quelques petits cols en direction de l'est, il me revint à l'esprit l'épave de l'"El Grillo", un navire qui coula dans un des fjords que nous allions longer. Je pris des renseignements à Reydarfjördur. L'épave se trouve dans le Seydisfjördur, à une cinquantaine de kilomètres. Le service d'information étant fermé à notre arrivée, je me dirigeai vers une station-service qui me donna le nom d'un hôtel. Les équipes travaillant actuellement à la récupération d'huile sur l'épave y logent. Impossible de trouver quelqu'un qui puisse m'en dire plus pour le moment. Les plongeurs se relaient par cycles de deux fois douze heures par jour en continu. Le groupe qui a terminé la nuit vers 7 heure ce matin se repose. Le gérant de l'hôtel me donne son numéro afin que je puisse contacter un ingénieur du projet dans la soirée.
L'église de Seydisfjördur (composite)

Une idée m'était venu durant le trajet; puisque je ne pouvais plonger avec Arni sur cette épave à cause des travaux, je pensais pouvoir préparer un reportage sur le travail de ces plongeurs norvégiens sur l'"El Grillo". Le pompage doit se poursuivre durant tout le mois de septembre probablement, ce qui me laisse du temps pour terminer le tour de l'Islande avec Yves et revenir, si il m'est donnée l'autorisation de réaliser ces images. Impatiente attente...

Vers l'est, sous un arc-en-ciel parfait, une minute avant d'atteindre la côte tourmentée du Lonafjördur, l'esprit en ballade sur d'imaginaires images... Nous arrivons à Porshöfn où nous passeront une nuit tempétueuse et fraîche dans une chambre en sleeping-accomodation.

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