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26 et 27 octobre... plongée à Kirkenes...

Je dois dire que j'ai été vraiment bien accueilli à Kirkenes, les gens sont aimables et la petite dame qui me loue la chambre m'a préparé un petit déjeuner copieux. Elle ne parle que le norvégien mais je découvre parfois au fil de la conversation quelques termes en allemand. Après quelques instants je constate qu'elle maîtrise parfaitement la langue. Ceci nous permet de nous comprendre un petit peu mieux, avec mes vagues connaissances scolaires. Je lui explique que je suis venu pour plonger à Kirkenes, et que je ne sais pas encore la suite de mon programme. Elle me donne cependant la clef de sa maison car elle s'en va quelques jours plus au Sud. Si je désire rester ici cette nuit je peux disposer de la chambre. Elle me montre encore où se trouve le pain, la confiture pour demain matin et, un pot de fleur, à l'extérieur où je n'aurai qu'à glisser la clef à mon départ. Je reste surpris et ému d'une confiance si spontanée.
Je m'en vais en ville afin d'organiser la suite du programme. Les ruelles ne sont pas dégagées et je fais les tristes frais d'une magistrale "gamelle" au coin d'une rue. L'ordinateur, que je tenais serré contre moi, n'a rien. Par contre, un de mes genoux, moins chanceux, a maintenant de la peine à se plier. Un homme s'est précipité pour m'aider en voyant la scène mais bien-sûr, dans ces cas là on est toujours plus vite debout qu'à terre...

Lars ne pourra pas plonger avec moi aujourd'hui mais il m'a trouvé un accompagnant. Je pars en direction de la frontière russe, à environ 20 km de Kirkenes. En quittant la E6, je suis la route 886 en direction de ma destination. On ne peut rêver plus beau dépaysement. Posées avec une infinie douceur sur l'ourlet du fjord, les maisons bousculent mes plus belles pensées de Norvège. La lumière y dessine à l'instant le volume de basses collines bordant l'ensemble du paysage. La neige ajoute encore à la féérie.

J'arrêtai la voiture en deçà d'une raide pente et je descendis pour demander mon chemin. Entouré de bois fraîchement coupé, un homme arrêta sa tronçonneuse et se dirigea vers moi. C'était Lars Petter. On discuta longuement puis je lui demandai s'il était possible de trouver un logement plus proche que Kirkenes. "Of course...", me fit-il, la maison du plongeur... En lieu et place de la maison du plongeur, un petit "châlet" dans la pente du fjord.
"Artic-Dive resort", "adventure under the midnight sun and the northern lights"... petite carte de visite qui en dit long sur l'atmosphère du lieu. Le club est très fréquenté durant presque toute l'année... sauf maintenant. C'est la première fois qu'un plongeur Suisse s'aventure ici paraît-il. Pour les réservations de vos prochaines vacances... www.arctic-dive.no
Magnifiquement construit... ambiance chaleureuse de la montagne que l'on trouve dans nos refuges. A ma disposition: cuisine, douche, salon, chambres... L'endroit me toucha particulièrement... Je serais prêt à mettre le prix fort pour louer une petite merveille comme celle-ci en Suisse. Je devais juste ne pas oublier de redéposer la clef dans le pot de fleur à Kirkenes... demain. Il me fallut un petit moment pour retomber sur terre...

Lars me présenta Trond, un de ses amis avec lequel j'allais faire la visite de l'épave d'un avion, un Curtis P-40 Warhawk. Nous partîmes de l'autre côté du fjord en voiture.

Le site est atteignable à la palme. On se prépare dans la neige et, après une descente un peu délicate sur un chemin d'herbes gelées, nous nous glissons dans l'eau... Quelle chaleur! Vraiment. A cette époque, l'eau fait 7°C, bien en-dessus de la température ambiante et je me "réchauffe" rapidement en palmant vers la bouée, 100 mètres au large. Arrivé sur le fond, la lumière ambiante reste si faible que je suis condamné de fournir un peu d'éclairage. L'avion est posé délicatement sur un sol terreux qui se dérobe au moindre mouvement brusque. Je me dirige en premier vers le poste de pilotage, la cabine a été vidée. De nombreux pirates pillent les épaves en Norvège, paraît-il. A part ce petit désagrément, le reste est dans un état convenable après plus de cinquante ans passés sous l'eau. Trois mitrailleuses sous chaque aile semblent avoir définitivement pris leur retraite avec les Steinbit. Un de ces fameux poissons-chats bleutés se trouve d'ailleurs caché sous une des ailes, dans un trou. Je l'ai aperçu bouger il y a quelques instants mais je me concentre d'abord sur les photos de l'avion avant de tenter une approche de ce drôle d'animal. La visibilité vraiment médiocre; me plaçant face au moteur je distingue à peine la partie arrière de la cabine. Je n'aperçois pratiquement pas Trond durant toute la plongée, et il me dira, en sortant de l'eau, qu'il voulait me laisser travailler sans brasser autour. Je me dirige enfin vers cet étrange poisson et je lui dresse le portrait. Il n'a pas l'air vraiment confiant, pas plus que moi... La bouche de cet animal est capable de broyer un oursin, aussi, je le tiens en respect avec le caisson mais son regard me donne quelques craintes. Une petite tape sur l'épaule me fait sursauter: Trond me fait signe, il est sur la réserve et nous quittons l'épave. 16 heures, le jour s'achève calmement. Je regagne "mon" chalet pour la nuit en face d'un fjord qui s'endort bercé par le ronron lointain d'un chalutier.

J'ai placé dans la chambre le petit radiateur électrique pour cette nuit... il fait très frais dans la reste du chalet. Après une petite soupe et un repas en tête à tête... avec le fjord, quelques heures de lecture et un peu de travail de rédaction sur le site me plongèrent finalement dans le sommeil.
27 octobre. Lars n'arriva que vers midi... Il me proposa une plongée sur l'épave du Johan Faulbaum, un cargo d'environ cent mètres de long sur l'autre versant du fjord. Il prépara le zodiac et nous filions à vive allure sur une mer plate. 250CV...trois minutes plus tard nous atteignions l'autre rive. On s'amarra à la bouée, à une centaine de mètres au large. Derniers préparatifs et mise à l'eau. La visibilité est un peu meilleure qu'hier, je pense que l'on aperçois les formes à une dizaine de mètres en face de nous. L'épave est vraiment très belle, très bien conservée. Elle date de la seconde guerre mondiale, coulée suite à un bombardement.
Nous descendons vers l'avant du navire. A la surface du pont, des impacts des bombes. La partie centrale du navire est magnifique, avec son mât toujours pointé vers la surface et ses cordages dont le volume s'est appaissi au fil du temps, à la colonisation de différentes espèces. Nous terminons à la proue avant de remonter le côté babord. De nombreux cordages jonchent le sol, dessinant de multiples lignes: on croirait survoler un bas-relief avec cette lumière filtrée. Un volume léger se libère de cet ensemble gracieux. Je viens de terminer le film et nous regagnons la ligne de la bouée pour la décompression. De retour, je prépare la voiture pour le départ vers Narvik, cette nuit. Je quitte mon ami en début de soirée finalement et je m'engage sur la route E6 pour quelques kilomètres....
nuit du 27 au 28 octobre... en route vers Narvik...

On m'a conseillé, afin de gagner environ 200 kilomètres, de quitter la E6 en direction de la Finlande puis de rouler par de petites routes en direction de Kiruna. Je quitte donc la Norvège, roule quelques heures en Finlande avant de rejoindre la Suède. Je réussis à contacter François qui se trouve à 50 kilomètres de Kiruna. Il attendait de mes nouvelles mais je me suis trouvé sans réseau durant ces deux derniers jours. Mon étape pour cette nuit, si le sommeil ne se fait pas trop impatient, 650 kilomètres. Je pars confiant dans cette entreprise mais après quelques minutes de conduite plus qu'hasardeuse sur de la glace vive au début de la route finlandaise, je remets en question la chose. Je continue ma route lentement et cette nuit va me faire les plus graves misères météorologiques mélangées que je n'ai jamais connues. Après la glace sur la route, la Finlande avait décidé de compliquer le jeux en ajoutant du brouillard.
Brume épaisse sur une dizaine de mètres d'épaisseur que l'on traverse ou non, suivant l'altitude. Très désagréable pour la concentration. Vers 22 heures je m'arrêtai pour faire le dernier plein d'essence pour la nuit. Le plus impressionant, je crois, c'est de ne croiser personne, aucune maison habitée, durant des heures, dans une nuit totale. Après le passage de la frontière suédoise j'essuyais pendant près de deux heures une tempête de neige. 3 heures du matin, j'arrivai enfin proche du point de rendez-vous. Je n'avais plus le courage de préparer la banquette arrière pour dormir, aussi je me glissai dans le sac de couchage sous les quarante centimètres restant entre la surface des bagages et le toit, les pieds contre la vitre arrière.
Réveil vers 8 heures. J'appelle François. Il se trouve à une vingtaine de kilomètres plus au Sud. Nous fixons le rendez-vous sur la première aire de repos en direction de Kiruna. C'est vraiment un moment assez surprenant de se retrouver ainsi après des milliers de kilomètres. Il fait froid ce matin et nous décidons de nous arrêter dans la prochaine ville pour le petit déjeuner et pour bavarder. Plus d'une heure de halte à Kiruna. Je tente d'atteindre à Narvik un plongeur dont le nom est Frank Bang. Malgré ses trois numéros de téléphone... impossible de le joindre.
Il ne nous reste que 170 kilomètres de route pour atteindre enfin notre base de plongée pour la prochaine semaine. La route qui part de Kiruna vers Narvik est enneigée. Au fil du trajet le temps gris de Suède fait place au soleil de Norvège. En arrivant à Narvik notre premier soucis est de trouver un logement. Après avoir finalement atteint Frank, il va nous recevoir dans la soirée. Il m'indique une pension proche du centre, Spor 1, guesthouse ouvert depuis peu. L'accueil y est vraiment chaleureux. Il n'y a presque personne dans la maison et nous disposons d'une cuisine complètement équipée, douche, sauna... Nous décidons de réserver la chambre pour une semaine, sachant que Narvik est une région absolument immanquable au niveau de la plongée-épave.
Notre rencontre avec Frank fut également très réussie. Il nous montra, chez lui, divers films qu'il réalisa ces dernières années sur des épaves de Narvik, ainsi que son site internet également consacré à sa passion. Deux semaines de plongée complètes ne suffiraient pas à faire la visite de l'ensemble des sites de la région. Sous-marin, destroyer, avion, cargo... le choix est tout simplement surprenant. Frank nous prépare un programme pour les prochains jours; il dispose d'un petit bateau en aluminium et se met à notre disposition pour nous faire découvrir les sites qui nous intéressent. Face à ce passionné d'épaves nous restons persuadés que nous sommes à la bonne adresse. Demain, première plongée dans la région du port de Narvik, rendez-vous, 10 heures.
suite...
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