jours précédents...
En route vers la Norvège... semaine suivante... semaine précédente...
jours suivants...
15,16 et 17 octobre... Rotterdam, Hambourg...

Arrivée à Rotterdam, pour quelques heures, je décide de poser le pied sur terre Hollandaise, pour la première fois de ma vie. Je quitte le Dettifoss et je tente de trouver la direction pour me rendre en ville. Après avoir pris, à plusieures reprises, des renseignements, force est de constater que je vais devoir m'y rendre en bus, puis en metro, car c'est vraiment très loin. En tentant de trouver un arrêt de bus mon téléphone sonna... curieusement un numéro interne s'affichait. Un employé du Dettifoss me demandait de revenir en urgence au bateau car quelqu'un m'y attendait. Par chance, j'étais très proche du port et quelle ne fut pas ma surprise d'être attendu... par la police... Décidément tout allait bien avec mon passeport. Après l'avoir retrouvé, je l'avais laissé dans la voiture, dans le container. Selon la loi en vigueur sur les mers, je n'avais pas l'autorisation de quitter le bateau avant leur visite. Je ne pus que leur fournir des photocopies qui, finalement, me sortirent d'affaires. Je demandai si j'étais tout de même autorisé à "quitter le navire" pour quelques heures. Plusieurs téléphones de la part de ce policier, bien rasé comme moi, et ce fut enfin bon. Il me fallut près d'une demi heure pour atteindre le centre ville et là quel choc après tant de temps passé si loin des grandes villes. Je ne me sentis pas vraiment rassuré dans ce bain de foule. Vraiment, ce fut surprenant qu'autant de monde puisse se ballader dans la rue. Je rentrai très vite au bateau.

Nous appareillions dans la nuit dans le dédale du port de Rotterdam. Moment fascinant que le départ du Dettifoss au milieu de ces canaux. Nous semblions naviguer, avec une lenteur extême, au centre ville, illuminée de toutes parts. Imaginez: douze semi-remorques alignés les uns à côtés des autres, dans la longueur vous en mettez neuf environ, vous obtenez, à peu près, la surface du navire... uniquement la surface. En hauteur, pour la partie du pont avec la cale, vous devriez pouvoir en "empiler" huit. Le cargo traversa pendant près d'une heure des canaux qui ne semblaient pas dépasser de deux fois sa largeur. Spectacle surprenant d'habilité d'un éléphant traversant un magasin de porcelaine. Pas une assiette ne fut égratignée...

16 octobre 14 heures. A l'heure où j'écris ces quelques lignes nous entrons dans le port d'Hambourg. J'ai déjà relevé mon courrier et deux messages me sont parvenus d'Islande, un de David et un de Tomas. J'ai peine à imaginer ce que seraient ces quatre mois sans ce moyen de communication. Mieux ou moins bien? Que dire...

panoramique, 200°, du sommet du Dettifoss...
Dès l'arrêt du moteur je descends en salle des machines pour travailler un peu les prises de vue du moteur. Lors de ma première visite, il y a bientôt deux mois, je n'avais pas de trepied pour le voyage. Pour ce trajet je l'ai emporté, mais, je ne suis pas sûr de régler le problème complètement. Je peux stabiliser mon appareil sur le pied mais un problème de vibration, due à des moteurs auxiliaires m'inquiète un peu pour la netteté de l'image. Je me ballade librement dans les trois étages nécessaires à la place du coeur du navire. Je ne puis m'empêcher de faire à chaque fois cette comparaison avec l'organisme humain dans toute sa complexité et ses merveilles de fonctionnement. Du sang noir dans les veines pour propulser ce géant de 20128 chevaux...
Réveil brutal, 4 heures du matin, 17 octobre. Je viens de sursauter d'un grincement, sans importance probablement... Je jette un coup d'oeil par le hublot. Nous naviguons dans un brouillard épais. J'ai peine à distinguer la première grue de déchargement, 10 mètres devant moi. A l'heure du déjeuner la densité brumeuse reste tout aussi inquiétante. Le navire ne s'est apparemment pas inquiété de ce filtre opaque. De plus, nous avançons sur des canaux depuis notre départ d'Hambourg et leurs étroites lignes me font penser aux minuscules routes percées dans nos cols et sur lesquelles tout croisement semble téméraire. A intervalle régulier le navire envoie un signal sonore puissant, de l'avant, prévenant son arrivée à d'autres usagers du canal.
Le brouillard semble déposé sur le paysage sur une vingtaine de mètres en hauteur. Je monte jusqu'au sommet du Dettifoss, à la limite du soleil et c'est un matin d'hiver ensoleillé... trois étages plus bas, l'automne...

Après ces quelques instants de décalage saisonnier étagé je me rends en automne pour déjeuner. On devine par delà la fine tranche d'eau qui nous sépare du bord la silhouette éphémère de quelques arbres filiformes.

En longeant la coursive babord je me rends à l'avant du Dettifoss. Le bruit cyclique du moteur fait place au clapotis de l'eau touchant la coque. On perçoit le chant des oiseaux dans ces spectres d'arbres qui lentement défilent sous le bastinguage. Accédant par une série de "portes", ovales découpées au chalumau dans les tôles du navire, au spectacle somptueux d'une proue fendant un canal incertain, lourd de mystère. Place à l'imagination, au monstre d"Amsterdamned"... Je me montais une histoire à dormir debout. Second réveil brutal, par la balise "musicale" du bateau. Il s'en fallut de peu pour que je bascule par dessus bord. J'étais à moins de 10 mètres du départ du coup... et cela s'entend à des kilomètres. J'allais y avoir droit à plusieures reprises et l'effet est garanti, à chaque fois...
En fin de matinée le brouillard se dissipe. J'imagine que les têtes se reposent enfin dans la tour du Dettifoss. J'avais pris l'habitude de rencontrer un ou deux employés de la compagnie au poste de pilotage. Ce matin ils étaient quatres. Le capitaine m'assure qu'avec les nouvelles technologies le navire peut faire route par tout temps, mais les yeux restent cependant irrémédiablement vigilants...
18 octobre... dans le port d'Arhus...

Journée de développement... Depuis que nous avons quitté la haute mer et que le calme s'est installé dans notre vie à bord, je me suis mis au travail de "révélation" des images. Je termine aujourd'hui le traitement du 26 ème film.

22 heures... nous quittons Arhus pour la Suède. Après une marche arrière pour s'extirper de sa "place de parc", le Dettifoss pivote sur lui-même et s'aligne face à la mer. Laissant derrière nous les lumières d'une ville danoise... je viens de vivre le dernier appareillage de nuit avant mon débarquement, demain à Fredrikkstad.

suite...
pour me contacter calendrier Accueil Itinéraire Matériel photographique Matériel de plongée Presse